Scop-Ti, l’engagement au service de l’humain et du goût

Ne l’appelez surtout pas patron ! Olivier Leberquier est le fier et rutilant Président de Scop-Ti, Société Coopérative Ouvrière Provençale de Thés et Infusions installée à Gémenos (13). Comme son nom l’indique, l’entreprise a fait le choix d’une organisation démocratique, tout en s’inscrivant dans une démarche économique sociale et solidaire. Et si ce nom vous dit quelque chose, c’est que vous avez sans doute entendu parler de la bataille des Fralib, une lutte sociale de longue haleine qui dura 1336 jours…  

Génèse du projet, passion du produit, collaboration avec LHG : découvrez notre entretien avec un coopérateur heureux.  

Comment est née Scop-Ti ? 

À l’origine, il y a Fralib, une entreprise basée à Gemenos qui appartient à la multinationale Unilever. Elle regroupait alors 3 autres structures, ailleurs en France :    

• Le Havre pour les thés (Lipton) 
• Marseille pour les infusions (Elephant)  
• Poitiers pour les soupes déshydratées (Royco)  

En 1989, l’usine de Marseille est fermée, et l’activité s’installe à Géménos. En 1998, c’est au tour de l’usine du Havre de subir le même sort. Gémenos devient alors l’usine européenne de thés et d’infusions d’Unilever. Et en 2001 Fralib ne désigne plus que ce site avec la fermeture de l’usine de Poitiers. Le groupe annonce le projet de délocalisation de la production à Katowice en Pologne en 2010.  

Très rapidement nous nous sommes mis en ordre de bataille pour faire en sorte que l’usine ne ferme pas en proposant une alternative. Début janvier 2011, nous présentons donc un document « Pour une solution alternative à la fermeture ». Il met les bases sur les moyens économiques à mettre en œuvre pour maintenir une activité à Gémenos, en se centrant notamment sur le conditionnement de plantes aromatiques et médicinales. Les pistes : circuits courts et produits nobles.   

Le conflit dure de 2010 à 2014. Finalement nous récupérons l’outil industriel à 1€ symbolique et créons une SCOP, tandis que la communauté urbaine de Marseille préempte les bâtiments afin de pouvoir nous les louer. Unilever débloque 2,8 millions d’euros pour le démarrage de la nouvelle structure, ainsi que des indemnités de licenciements et de préjudices versées aux 76 salariés qui ont lutté jusqu’au bout. Une partie est reversée au capital de la SCOP, qui est officiellement créée le 5 août 2014 avec un budget de 3 millions d’euros et 58 coopérateurs. 

Qu’est-ce que 1336 et comment avez-vous développé cette marque ? 

Quand nous sortons du conflit en 2014, tout est à reconstruire. Nous possédons l’outil industriel et savons le faire fonctionner. En revanche, pour la partie marketing et commerciale, il a fallu trouver des ressources extérieures. Nous avons rapidement travaillé avec un designer indépendant, Romain Gicquiaux, qui nous avait rendu visite et soutenu au moment de la lutte. Nous lui avons donc proposer de monter une équipe pour créer une marque. 

Ce sera 1336, en référence aux 1336 jours de lutte sociale. Nous voulions un nom qui fasse référence à notre lutte, sans pour autant être clivante car notre souhait était aussi d’être référencé dans la grande distribution. Si ça ne tenait qu’à nous, nous aurions mis la tête du Che et le poing levé en gros sur une boîte rouge ! 

Les trois premières années, tout fonctionne assez bien. Mais sans moyens économiques pour faire de la publicité, l’activité commence à stagner. Il a donc fallu intégrer les codes du marché à notre packaging, et faire évoluer la gamme. Nous proposons désormais du vrac, et la marque « 1336 bio », dont toute la matière première provient du territoire français. Au total, nous disposons aujourd’hui de 50 références.   

Vous avez lancé Scop-Ti il y a 6 ans en vous positionnant sur des produits responsables. Quelles sont les réalisations concrètes ? 

Durant la lutte sociale, un de nos objectifs était de proposer un modèle économique et industriel différent d’Unilever. Notre longue expérience nous a permis d’observer l’évolution et la dégradation de la qualité des produits. J’ai débuté ma carrière en 1981 à l’usine du Havre, je peux vous garantir que les produits que nous fabriquions étaient de qualité. Tout était fait en interne et en naturel. Mais le modèle a changé à la fin des années 90 avec l’arrivée des arômes chimiques et l’importation de mélanges d’herbes déjà préparés.  

Avec Scop-Ti et 1336, l’accent est mis sur le respect du produit et des travailleurs. Nous souhaitions aussi relancer la filière sinistrée des plantes aromatiques et médicinales en France. Le plus bel exemple pour illustrer cela, c’est le tilleul des Baronnies. Nous travaillons directement avec les producteurs de la Drôme. Un produit cultivé, cueilli, séché et coupé sur place. Durant les années 70, les industriels utilisaient les plantes aromatiques du terroir local français. La filière du tilleul représentait entre 450 et 500 tonnes de cueillette par an. Aujourd’hui, tout est importé d’Amérique latine, faisant chuter la production française à 10 à 15 tonnes, faute de débouchés. Ce constat est valable pour la verveine, la mélisse, la camomille, la menthe. Toutes ces plantes qui poussent dans nos régions. Nous avons mis en application ce que nous défendions au temps de Fralib. 

Spécialistes des herbes et plantes médicinales depuis 1943, LHG vous propose de nombreuses références de thés et infusions, dont une gamme bio, conditionnés pour répondre aux besoins des professionnels et revendeurs. LHG travaille dans une démarche respectueuse de l’homme et de l’environnement. Notre objectif est de proposer des matières toujours authentiques, de qualité et 100% naturelles. 

Quelles sont vos relations avec votre fournisseur LHG ? 

 
J’ai eu l’occasion de rencontrer LHG en 2012. L’entreprise cherchait à l’époque un nouveau lieu pour installer son activité. Nous avons un temps imaginé mutualiser nos outils de production mais malheureusement, nous étions en plein conflit social ce qui n’a pas permis à l’opération de se réaliser. Mais évidemment lorsqu’il a fallu trouver des fournisseurs pour 1336, nous les avons sollicités.  

Quels sont vos produits qui utilisent des herbes aromatiques LHG ? 

Parmi nos références, le thé vert à l’orange, le thé vert deux menthes, le thé noir grand Yunnan, le Darjeeling bio et le thé noir citron viennent tous de chez LHG. Ils sont juste à côté, à Aubagne, et nous apprécions la proximité, ça aide ! Aujourd’hui notre activité principale, c’est le conditionnement. C’est pour cela que nous avons besoin de matières première de qualité et que nous travaillons avec LHG. Mais nous aimerions dans un futur proche réintégrer la partie mélange et transformation dans notre usine. 

Retrouvez tous les produits 1336 sur leur boutique en ligne, et téléchargez notre catalogue pour découvrir notre gamme de thés et infusions dédiés aux besoins des professionnels et revendeurs. Vous y trouverez des thés emblématiques et quasi historiques tels que le thé noir de Ceylan « Orange Pekoe » – qui désigne un grade du thé qui garantit la finesse de la cueillette – ou des thés parfumés (citron, jasmin, rose, menthe…). Nous proposons également des thés noirs, verts, un thé blanc en feuilles et du Rooibos savoureux cacao-vanille. Sans oublier le maté brésilien.