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São Tomé-et-Príncipe
21
Mar

LHG et São Tomé-et-Príncipe épisode 2 : de la passion nait l’exception.

LHG développe et pilote depuis 2008 une filière de production de poivres bio à São Tome & Principe, petite île paradisiaque au large des côtes de l’Afrique occidentale. Nous avions consacré un premier article sur la genèse de ce projet, que vous pouvez (re)découvrir ici.

Comment créer et rendre viable une structure agricole située à près de 5 000 km de la métropole ? Pourquoi le format de la coopérative ? Comment former les agriculteurs locaux aux méthodes strictes de l’agriculture biologique ? Quelles sont les perspectives de développement de l’activité ? Gilles Talrich, Président du Laboratoire d’Herboristerie Général et instigateur du projet, nous apporte son précieux éclairage dans cet article.

La coopérative, un choix évident

Agriculteurs de la coopérative poivrière

Le format de la coopérative agricole possède cet avantage de permettre au travailleur agricole d’être à la fois propriétaire de sa terre et son propre patron. Ainsi, afin de fédérer les agriculteurs et les amener vers la culture du poivrier, quasi inexistante sur l’archipel jusqu’à lors, la première étape a consisté à créer un environnement attrayant pour la main d’œuvre locale en leur donnant accès aux exportations et à un centre de transformation.

« Le poivre doit être transformé pour obtenir un produit de qualité consommable. Cela requiert une mise en commun des moyens, et le modèle coopératif est celui recommandé pour ce type de démarche. On a des agriculteurs responsables de leur terres et de leur production qui travaillent ensemble pour pouvoir exporter du poivre. »

Le choix de la coopérative est aussi celui de la cohérence : le volume de production d’une filière de poivre dans un pays de la taille de São Tome & Principe représente une goutte d’eau à l’échelle mondiale. Il est donc impératif de proposer un produit d’extrême qualité qui soit valorisé à un prix décorrélé de ceux du marché international, pour rendre viable cette activité. « Avec la coopérative, on est sur un marché en prise directe entre l’agriculteur et le client. Alors qu’aujourd’hui, sur le marché du poivre, on retrouve parfois jusqu’à 12 intermédiaires entre les deux parties. Cet équilibre économique nous permet de proposer un prix intéressant aux travailleurs et ça les motive à faire du bon boulot. » 

Pour piloter la structure et veiller à son bon fonctionnement, le rôle de LHG couvre de nombreux aspects : définition du cahier des charges et des volumes de production, mise en place du matériel nécessaire à la transformation, respect des règles d’hygiène ou encore encadrement des périodes de tailles. Une implication qui se poursuit une fois le poivre récolté et transformé avec la gestion du stockage et la prise en charge des documents d’exportation et d’importation. Quant à la formation des agriculteurs, il a fallu faire appel à des spécialistes : « On s’est fait aider par l’ONG comme Agri Sud dont les équipes techniques sont venus faire plusieurs missions financées par l’UE pour les former à l’agroécologie et à la gestion de la coopérative. »

Le bio sinon rien

S’engager dans une démarche bio apparait comme une évidence. D’une part parce que l’archipel jouit d’un terroir volcanique très riche et d’un climat tropical généreux en eau et en ensoleillement ; soit un environnement idéal pour ce type d’agriculture. D’autre part, parce que le petit pays n’est de toute façon pas en capacité financière d’acheter d’engrais ou de pesticide à l’échelle nationale. Enfin, faire le choix du bio c’est aussi pouvoir « surpayer » les agriculteurs tout en restant cohérent : respecter un cahier des charges vertueux a pour effet d’obtenir un produit irréprochable donc plus cher, mais vendu à son juste prix. Produire et vendre du poivre conventionnel sans certification bio ne représente aucun intérêt avec un volume de production si faible.

Pour produire un poivre d’exception, le travail a consisté à sélectionner des variétés locales, choisir les plus productives et aux meilleures qualités gustatives.

« La subtilité de notre poivre, ce qui lui donne son goût particulier, c’est le terroir volcanique, le fait que ce soit un écrin de nature, pas contaminé, sans croisement de variété, et surtout le processus de transformation complètement naturel. »

Un travail exigeant qui s’inscrit dans le temps long : créée en 2008, ce n’est qu’à partir de 2020 que la coopérative a obtenu un volume de production industriel satisfaisant.

Une activité qui profite aux agriculteurs, mais pas que : les deux centres de transformation présents sur les deux îles principales emploient une quinzaine de personnes, avec un pic au mois d’août où on atteint la trentaine de travailleurs. « Il faut savoir que tous les gens de la coopérative ont un contrat de travail. On a vraiment créé quelque chose qui répond aux exigences sociales du pays. C’est une agriculture pérenne. Pour faire du bio il faut que l’agriculteur soit heureux de le faire. Sinon ça ne marche pas. »

Petite production, grandes vertus

Le choix du bio et de la coopérative a permis de créer les conditions de synergies positives : « L’agriculture bio, c’est du bon sens car c’est du compost, de l’utilisation de légumineuse qui fertilise le sol entre les rangs de poivre. Une fois expliqué, les agriculteurs y adhèrent sans difficulté. L’exemple est puissant quand certains voient qu’ils commencent à rentrer de l’argent, qu’ils peuvent changer de voiture, mettre des fenêtres aux maisons, etc. Ils s’aperçoivent que le poivre biologique c’est intéressant donc il y a des nouveaux entrant dans la coopérative. » Un rôle précieux qui va au-delà de la simple logique entrepreneuriale. La coopérative gère aussi des avances, des micro-crédits, et organise toute une assistance sociale autour des coopérateurs.

L’activité regroupe aujourd’hui environ 350 agriculteurs, dont les terrains varient de 500 m² à 1 hectare. L’entreprise Hénaff prend part au projet en participant au préfinancement des campagnes de récoltes, c’est à dire en permettant à chaque agriculteur de bénéficier d’un revenu régulier. La période de récolte du poivre débute en effet au mois d’avril et l’exportation a lieu au mois de novembre. En dehors de cette période, l’agriculteur est moins actif, mais le système de la coopérative lui permet d’être rémunéré le plus souvent dans l’année. C’est le principe du préfinancement agricole.

Si aujourd’hui la coopérative a trouvé son modèle économique, cela ne s’est pas fait au détriment du mode de vie de l’agriculteur. « Traditionnellement, il utilise sa terre pour se nourrir. Mais s’il plante du palmier à huile, il ne peut rien cultiver d’autre. Or les plantations de poivriers cohabitent très bien avec le maraichage et les légumes. C’était important de lui expliquer qu’on allait pouvoir occuper son sol avec un produit qui allait lui rapporter de l’argent, mais qu’en même temps ce n’était invasif, pas monoculture. Il pouvait mettre autre chose pour se nourrir. On est dans une agriculture vertueuse. »

Sao Tomé et Principe
Poivriers

Fort de la réussite de la coopérative, LHG poursuit son engagement en 2022 avec la volonté de développer à courts termes la production du poivre rouge au goût plus particulier, plus fruité mais beaucoup plus compliqué à produire. Autre défi : celui de réussir à récolter le poivre sauvage (Piper borbonense). Certaines espèces poussent dans la forêt, et offrent une qualité gustative exceptionnelle. « C’est plus subtil à produire mais on est en train d’essayer de mettre en place ça. Je ne désespère pas non plus d’arriver à produire du curcuma et du gingembre bio, parce là encore on est sur des produits remarquables. Et comme la période de maturation de ces plantations n’est pas la même que celle du poivre, l’agriculteur peut avoir un revenu supplémentaire, sur toute l’année. »

Continuer à aider les agriculteurs locaux, leur apporter des gages de pérennité en diversifiant les cultures, c’est l’objectif que LHG s’est fixé pour les années futures.

Une démarche qui a du sens et porteuse de valeurs : « La qualité d’un produit ne peut exister qu’au travers d’un commerce juste pour tous les acteurs : producteurs, transformateurs, distributeurs et consommateurs. »

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